03 août 2006

Une trace blanche – putain de piano

L'Association des Biographes Inutiles Passant des Années à Ecrire sur les Cons, nous adresse le texte qui suit, consacré à l'un de nos plus brillants consanguins. On y voit s'exprimer toute la vindicte des libertaires et autres anarchistes, qui veulent manifestement évider notre fière patrie de son noble sang et exciser son corps vibrant de ses plus glorieuses excroissances. Affligeant.





Hypig


"Au commencement, Chicboy était probablement déjà un petit mollusque médiocre, foncièrement banal et laid, dénué en tous cas de toute forme de charisme. Mais Chicboy s'estimait précisément, pour ces raisons pourtant sans rapport, asservi aux « conventions » de la France contemporaine. Chimère absurde ? Oui, mais à l'aigreur qui se concentrait déjà dans son petit cervelet asphyxié, il fallait bien donner une soupape de sécurité : le salut vint donc de l'ultra-conventionnelle pose du « Martyr Anti-conformiste à Traditions Intégrées ». Obscur petit être s'imaginant avoir des « pensées », un ressenti et des actes, Chicboy était en fait un prototype de sursinge imbécile fonctionnant à l'affect animal et au ressenti pavlovien, l'archétype de l'éternelle « victime », imputant toutes ses tares personnelles à un hypothétique environnement humain accusé de l'avoir « modelé », « façonné » et « asservi ». « Asservi », Chicboy l'était par ce qu'On avait décrété être la « limite de ses droits et ses devoirs », dans cet univers pollué par toutes sortes d'idéologies qui constituaient un poison étudié pour anéantir ses nombreuses formes de beauté. Chicboy était donc par définition persécuté, baillonné, poursuivi, « en butte ». Romantisme du rebelle en balsa, allégorie du résistant en carton.

Il s'agissait bien là de la classique logique conspirationniste, toujours à l'oeuvre dans le petit cervelet asphyxié de ce type d'enfiévrés grotesques. Parce que dans son petit crâne de mésange ébahie, les maîtres-mots de ceux qui le maintenaient dans la frustration et la réclusion étaient « l'équilibre, la paix, l'uniformité ». Pas besoin d'en dire plus, il suffisait bien assez, pour Chicboy, de s'affirmer comme persécuté par ces vagues concepts répétés ad nauséam dans les quelques livres parcourus après sa branlette du soir ou entendus dans quelque émission télé pour babouins. « La paix et l'uniformité », antiennes creuses à l'usage des rustres et des consanguins, monstres en papier agités devant des bougies pour symboliser la complexité du monde et l'effort d'hominisation qui du fond des âges ont toujours fini par laminer les étriqués chicboys. Passons. « La paix et l'uniformité », malgré le ridicule et le non-sens de ces deux épouvantails stupide, Chicboy au fond savait que ça n'était pas avec cela qu'on sauverait le monde. Parce que Chicboy voulait sauver le monde, figurez-vous. Et bien entendu, puisque le monde n'aimait pas Chicboy. Puisque le monde n'était pas Chicboy.

Qu'était alors Chicboy ?


Chicboy aimait l'ivresse, celle du picon bière et de la suze-tomate comme celle de n'importe quelle roteuse à bas prix ; il aimait le « pulse urbain », cette sorte de fiction à l'usage de tous les veaux wannabe s'écoulant le long des caniveaux ; il prétendait apprécier tout ce qui constituait à ses yeux de chèvre inculte des « voies parallèles », voies jamais analysées mais entérinées par contradiction de principe ; Chicboy tenait aussi à la vie. Il croyait bien entendu en Dieu et en diverses sortes de manifestations divines, il croyait que des « spectres » venu du fond des âges nous observaient et nous jugeaient, il croyait que les gens étaient entourés d'une « aura » : Chicboy effectuait là ses premier pas vers les hiérarchisations nauséabondes et les fantasmagories d'illuminés religio-fascistes. L'histoire regorge en effet d'exemples lamentables ou criminels de cette spirale archi-classique, celle d'un mysticisme soldé en prélude au racisme le plus échevelé. L'occultisme et le fantasme des runes ont toujours été détournées par les plus basses âmes prétendant vouloir échapper au matérialisme, pour donner ensuite une coloration mystique à leurs préjugés immondes et bornés.

Puisque la réalité ne faisait que lui renvoyer au visage sa pauvre condition de sale merde impotente, autant donc que Chicboy commence à parler d'amis imaginaires, d'auras divines et de psychés surnaturelles, de « spectres » dictant à son petit cervelet asphyxié sa paranoïa extrémiste. Chicboy prit acte de la nouvelle étape dans laquelle l'humanité était entrée : le Pourrissement par les Extrêmes. Il s'y vautra par conséquent avec zèle et délectation. La Réaction serait son sein nourricier.

Poussant le contre-sens à son paroxysme, Chicboy écrivait sans rire : « le monde serait alors spirituel, mais pas de cette spiritualité faite de méditation et de prières, enfin, pas que de cela, mais aussi de cette spiritualité archaïque où les Dieux se combattent, engrossent les humaines, s'anéantissent par leurs passions et illusions ». Parce qu'il est enfantin pour le premier handicapé mental venu de se réfugier derrière de grands mythes et de jolies illustrations pour fuir la complexité du monde et rechercher un réenchantement dont sa condition de sursinge imbécile et terre-à-terre le prive pourtant définitivement, quoiqu'il fasse. Des prétextes, des fantasmes et des excuses, voilà tout ce qui lui fallait, après tout. Si Chicboy avait compris une chose, une seule chose, c'est qu'il vivait dans un monde d'apparences. Sa vie serait donc faite d'apparences et d'alibis. Une grille de lecture tordue, des oeillères en forme de jumelles, un dogme en guise d'esprit critique. Rien de plus : un vernis comportemental, un embryon de discours, deux références païennes et la glorification de l'état de nature, glorification de laquelle il serait si facile ensuite de glisser vers la promotion de la sauvagerie.

Chictype croyait évidemment au Complot. Le Complot bicentenaire de « l'idéologie des droits de l'homme », par exemple, accusée de l'asservir aujourd'hui (après avoir pourtant contribué à bâtir un monde dans lequel ses fantasmes poisseux ne le conduisent pas immédiatement au cachot sous les rires, les quolibets et les pieds au cul).

C'est que Chicboy n'avait aucune culture, voyez-vous : il se contentait de fustiger « les droits de l'homme », autre antienne trés pratique à l'usage des ségrégationnistes persécutés en tous genres, qui les conçoivent comme un synonyme du « politiquement correct » ou du « libéralisme », tordant les concepts, mélangeant droits de l'homme et droit-de-l'hommisme », confondant le principe et la caricature, se bornant seulement à la version light et pavlovienne des droits humains tartinée dans les médias pour asseoir leur pitoyable complainte de martyrs usurpés. Ces médias, dont Chicboy est l'éternel esclave, ces médias qui constituent sa seule grille d'analyse, son unique référent. « Mort aux droits de l'homme ! ». Il était tellement plus facile pour lui, qui ne l'avait pas connue et qui la concevait au travers d'un ridicule prisme disneyien, de glorifier une époque de chevalerie et de dévotion religieuse.

Le parfait réactionnaire ignare, usurpant des constats sur la déliquescence de l'occident pour y plaquer ses pauvres lubies de sale crevure passéïste et frileuse. Rien de plus simple pour qui vit dans un film. Pour donner le change, Chicboy avait donc tendance à donner à ses fantasmes une coloration « world », saluant la « sagesse asiatique », le « savoir-vivre africain », alignant ses clichés et ses stéréotypes grotesques et condescendants de prétentieuse merde martyr. Il empilait ses caricatures de demeuré occidental en visite dans le « village mondial », le snapshot autour du coup et un mafé dans l'estomac, croyant dissimuler ainsi sa nature de ségrégationniste invétéré derrière deux ou trois considérations sur l'exotisme et l'open-mind. On est fun-fasciste ou on ne l'est pas. Car pour Chicboy, l'exotisme est d'autant plus appréciable qu'il reste lointain et ne parvient à pénétrer son quotidien que sous la forme de documentaires-télé ou de tour-operators pittoresques. L'exotisme n'a de mérite que s'il est sous plastique, et s'il lui confère un alibi progressiste, un apparat détendu du gland, et un peu de déco pour le salon en prime. Car la Très Sainte Simplification du Monde est sans cesse à l'oeuvre dans le petit cervelet asphyxié de Chicboy.

Il n'est jamais question que de savoir quelle « apparence » telle ou telle affirmation sera susceptible de lui conférer, après tout... Alors, une fois gérée la question de l'ouverture au monde, éludée par un discours crétin et parfaitement hypocrite sur les « richesses de l'Autre » quand l'Autre est situé à 10 000 km minimum, Chicboy savait toutefois toujours en revenir à l'essentiel : le repli identitaire. Les masques africains d'accord, mais le vigile RATP noir, quel salaud. Parce qu'avant d'être cool, Chicboy était blanc. Le repli communautaire serait son hâvre, maquillé en prétendue « protection des siens ». Puisque le monde était chaotique, mieux valait donc le fantasmer en petit comité plutôt que d'y vivre réellement, et surtout mieux valait se recroqueviller sur quelques lamentables caractéristiques de chapelle plutôt que d'affronter ses limites. Raisonner en tribu, quoi de plus conforme à ses rêves de paganisme chrétien ? Et quoi de plus facile pour ensuite évoluer en troupeau serré ?

Chicboy chercha à déblayer ce qui faisait son identité en se débarrassant de toutes sortes de pensées parasites dont la principale était faite de trois ou quatre pauvres considérations sur l'amour, celui que de tout temps la gente féminine lui avait refusé, à part peut-être quelque dégénérée consanguine d'acabit voisin. Chicboy décida tout simplement que nonobstant l'absolue crétinerie scientifique, l'absolu anachronisme historique, l'absolu contre-sens humain dont relevaient ses fantasmes, ce qu'il y avait à l'intérieur de son petit cervelet asphyxié était respectable, légitime, et que personne ne pouvait affirmer le contraire. La logique du complot toujours à l'oeuvre. Il trouva un grand réconfort à se dire qu'il n'avait pas forcément à être ni « bien », ni « intelligent », ni « humaniste », et que ce n'était pas fait pour plaire. La seule forme d'affirmation de soi qu'il trouva, compte tenu de ses tares par légions, c'était donc à l'inverse de se savoir honni, méprisé ou détesté. Au réflexe conformiste il opposait crânement le réflexe anti-conformiste, ajoutant donc la Saloperie à l'Instinct grégaire. Peu importe : tout, plutôt que le néant et l'anonymat auxquels le condamnaient sa médiocrité humaine et son indigence intellectuelle.

Ainsi, Chictype disait ne plus avoir à « s'adapter aux diktats des femmes pour avoir du sexe », puisque là aussi ce pauvre brêlon subissait un « diktat ». Pas besoin de chercher à attirer la sympathie pour avoir des amis, puisque là encore il était victime d'un mépris collectif organisé à son encontre. Pas besoin de se conformer à une pensée dominante pour avoir sa place dans la société, puisque sa place serait précisément définie par une opposition formelle à des pensées que lui-même définirait comme « dominantes ». Prendre la pose du rebelle réac servirait à lui conférer une existence, il suffisait ensuite de la justifier par une prétendue volonté d'échapper aux « diktats ».

A chaque tare intrinsèque, opposer une coercition collective. A chaque travers mental, opposer une justification fondée sur le poids des autres.

Chicboy déclenchait les rires moqueurs et les invectives dédaigneuses ? Là encore il suffisait de s'en sortir non pas en justifiant ses opinions injustifiables et jaunies, mais en prétextant une prétendue « fidélité à soi-même ». Eriger le conservatisme en mode de vie. La réaction en tournure d'esprit. Et maquiller sa poisseuse haine larvée en intégrité.

Chicboy commenca alors à employer toutes les tartes-à-la-crème usitées par les tricheurs de son espèce, en fustigeant, toujours dans sa logique conspirationniste, tout ce qui le renvoyait à sa médiocrité humaine, à sa myopie civilisationnelle, et à son statut de cloporte mental et d'imbécile moutonnier. Le voilà donc qui caricature encore, et qui couine contre « les merveilles des sociétés multiculturelles, les perspectives d'un monde sans frontières et sans différences, l'égalité dans un pays multiculturel mais sans communauté, la rencontre des cultures comme enrichissement, le racisme comme maladie spécifique de l'Occident, le passé objet de toutes les hontes, la lutte des classe moteur du monde, la femme être surnaturel et opprimé, la femme être de douceur et avenir de l'homme, la femme être dont les désirs doivent être comblés, le siècle des lumières référence philosophique, mai 68 piqûre de rappel, la gauche sympa, la droite méchante, etc. ». Autant de « leurres » que Chicboy voulait « dénoncer ». Autant de réalités qui le renvoyaient au néant conceptuel fangeux dont il prétendait s'extraire piteusement. Patauger dans le parallélisme des vulgarisations. Barboter dans la symétrie des stéréotypes doctrinaux. Plus qu'un plan de carrière, un programme de vie.

Chicboy, toujours dans son parfait parallélisme des fantasmes, projetait ses propres tares sur ses contempteurs, pour peu qu'il en ait : Chicboy se définissait en creux lorsqu'il crachotait ses quelques anathèmes convenus sur l'homme dit de gauche : « dogmatique, inquisiteur, ayant plus raison que les autres, systématiquement du côté du bien, se sentant en droit d'apprendre la vie aux autres » parce qu'il avait réussi à se sentir en adéquation avec lui-même à force de mensonges et d'autopersuasion. « Incohérent, prônant la générosité mais agissant mesquinement, se disant ouvert aux autres mais se référant uniquement à sa communauté, parlant d'émancipation tout en voulant tout contrôler », en bon réactionnaire plaquer l'Ordre sur le monde, son Ordre. Pour Chicboy, le pragmatisme « de droite » constituait en revanche un humanisme bien suffisant : là encore il finirait par cautionner le talion industriel et la sauvagerie cro-magnon, parce que ces derniers constituent en définitive la seule conception du monde qu'une atavique petite ordure de sa classe peut appréhender. Ses coreligionnaires hypertextuels étant à peu près tous faits du même bois.

Apte au discours-leurre et à la glose trompeuse, il saurait masquer son extrême peur du monde et sa paranoïa galopante derrière un vernis de sincérité autocomplaisante. « Fidèle à soi-même », une fidélité qui se résumait dans son cas à un grossier simulacre d'intégrité servant de désodorisant. Une bombe d'aérosol pour fosse septique. Lui si sensible au "bruit et à l'odeur", s'imaginait donc pouvoir dissiper les siens en les présentant comme émanations d'une sincérité quasi-sanguine.

Le seul système d'appartenance valable à ses yeux était lié au sang. Chicboy était français et blanc, et le clamait haut et fort, comme si ce qui ne pouvait fonder aucune honte pouvait à l'inverse constituer une supériorité. Tout au plus modérait-il encore son affirmation poisseuse en ajoutant que « ça n'était pas tout ». Effectivement : il était aussi catholique romain, et « anarchiste de droite » (voyant même dans cette bouffonnerie de trotskyste lobotomisé une « école »). Chicboy était aussi « occidental ». Bien évidement, il n'appartenait pas à la république, il n'était pas non plus sûr d'être français tant cette « espèce » avait été « dénaturée » et tant il se sentait étranger à la « population » de Paris. Pas la peine d'insister sur les termes utilisés spontanément par ce trouble abruti. Se disait-il européen ? L'Europe n'avait jamais constitué un groupe homogène à ses yeux. Il avait donc défini sa communauté, son label garanti pur porc : l'Intégriste Raciste Atomisé. Forcément à linker, chers compatriotes à l'orthodoxie exacerbée.

Chicboy vivant quand même un tout petit peu dans le présent, à défaut d'en percevoir la réalité, il tenait donc aussi éperdument à obtenir son quart d'heure de gloire, en bon symptôme de son époque.

Et d'étaler alors son petit pedigree médiocre sur le web, ses lectures (rares et mauvaises), ses films, ses « expériences secrètes » (branlettes au-dessus de la lunettes des chiottes ? cubi de rouge vidé à 3 heures du matin devant le frigo ouvert ?), ses photos (« Henri Lecomte mon pote »), ses misérables et prétendues « déviances » (griller un stop, savater discrètement un yorshire au pied d'un feu rouge, tirer la langue à une contractuelle située à deux rues de là, torturer des fourmis, pisser sur les prises de courant). Car malgré toutes ses tares : son risible alibi de « sincérité » et ses fantasmes paranoïaques l'autorisaient évidemment à « parler de lui », à revendiquer lui aussi sa petite part de notoriété.

De là s'écoulaient ensuite toutes les ridicules banalités contemporaines : Chicboy disait qu'il « aimait la vie, avait des envies, des espoirs, cherchait à s'améliorer, voulait faire les choses bien, savait offrir des sensations et déclencher des processus, pouvait se montrer gai, était relativement autonome et aussi relativement solidaire, était capable de bravoure ». Le CV parfait pour une émission de TV réalité. Après avoir passé son temps à cracher sur des concepts dont il ne maîtrisait pas le quart du début du commencement, au motif d'une fantasmagorique « hauteur de vue conservatrice », Chicboy se vautrait lamentablement dans le conformisme le plus plat et le plus terne lorsqu'il s'agissait de définir un quelconque aspect positif ou constructif de sa médiocre personnalité. Oh, il prétendait écrire, bien entendu. Il prétendait qu'aligner ses lamentables assemblages de mots et de merdes pouvait constituer un semblant « d'écriture ». Parce que son vécu suffisait sans doute à l'ériger en sujet, lui ce sursinge à petit cervelet asphyxié, lui qui toute sa vie resterait un objet. Objet de vexations, objet de railleries, objet de « dikats », objet porcin et ridicule, hochet inepte, en fait.

Chicboy avait donc décidé de fermer son blog, et un peu sa gueule aussi, en même temps. Il disait vouloir accéder à « l'argent et aux femmes », en bonne logique après avoir exposé toutes ses hautes considérations sur le délitement de la société, le règne du matérialisme et le diktat des femmes.

Peste soit donc de ce piano qui lui tomba sur le crâne et l'écrasa comme une merde alors qu'il se rendait chez Nicolas pour acheter quelques « petites récoltes ». In memoriam, sale con."


Un pur scandale, expression de la persécution scientifique et sociale dont nous sommes victimes alors qu'en fait, nous, ben on a quand même vachement raison puisqu'on est consanguins, et conséquemment purs et supérieurs.

Consanguin wants you !

Consanguin wants you !
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And remember...