03 août 2006

Diarrhéeux diaristes (part 1)

Nous retrouvons cette semaine le professeur Hans Grüber, qui a eu l’amabilité d’examiner pour nous, malgré le manque d’intérêt caractérisé qu’il a exprimé à l’endroit des plumes consanguines qui prolifèrent sur le net, les dernières publications online de nos rédacteurs et diaristes réacs préférés. Il s’est donc arrêté sur plusieurs d’entre eux, et a notamment plébiscité, dans le cadre de son analyse critique, la Zone de notre aimé Ftalker. Ce dernier s’affirme donc encore une fois comme l’un des plus brillants exemples de consanguinité. L'actualité consanguine reste riche, dans notre fier et beau pays qui s’aime si peu, mais comme elle a tendance à tourner un peu en rond autour des débats sur le colonialisme, nous préférions revenir sur ceux qui vocifèrent si fort de leur fluettes voix de flippés. Voici donc la première partie de l'exposé que nous a adressé le docteur Hans Grüber.

"Tout d'abord, saluons la volonté de l’inénarrable José Désencio, autoproclamé non sans un certain sens du grotesque grandiloquent : « le Ftalker », d'alterner ses sempiternels pâtés creux et autosatisfaits, avec d'insolites et désopilantes contributions externes.

En effet, cette tendre volaille aux prétentions aquilines n'a de cesse de recueillir dans son mini-bouge quelques autres plumes caquetantes. A ce titre, nous avons étudié le très amusant Francisque Poury, qui prône sans complexe la vente libre d'armes à feu aux ménagères de moins de cinquante ans, et le rétablissement de la peine de mort - y compris en l'absence d'homicide. Voilà l'exemple parfait du consanguin fiévreux, qui se flatte de raisonnements poussés et de vocabulaire choisi, pour dégueuler son discours bien bourrin de cow-boy à la française, qu’un port d'arme rassurerait manifestement dans sa virilité à l’occasion de tout déplacement ferroviaire.

Fantastique Poury !! On se laisse bercer par sa passion pour la balistique et les armes de poing, qui seraient bien entendu vecteur de calme et de paix sociale en France si elles étaient proposées à tout un chacun, et en particulier à toutes les petites brêles réactionnaires prêtes à en découdre – symboliquement sans doute - avec les ennemis de cette belle et grande Nâtion.

En guise de consécration d’une « authentique » légitime défense, ce monsieur Poury préconise de porter, non pas une, mais deux armes à feu. Preuve s'il en est que le visionnage massif et répété des chefs d’œuvre de Chuck Norris ou de Charles Bronson finit peut-être par atrophier le cortex du spectateur. Monsieur Poury persiste, et l'on se laisse bercer encore par sa flamboyante réhabilitation de la peine de mort, dite « dissuasive », malgré ce que nombre de juristes, philosophes, statisticiens et criminologues ont pu souligner concernant la totale fumisterie d'une telle thèse, et l’absence de tout caractère « préventif » de la peine capitale.

Mais fi ! Tout bon consanguin naturaliste ignorera la connerie crasse et l'inculture juridique de ce clown triste pour se vautrer avec délectation dans sa terrible vision d'un far west quotidien présenté comme la quintessence du bien-vivre-en-France, idéal d’une « francité » milicée, sauvage mais terriblement « dionysiaque », barbare mais tellement « vivante ». Il s'agit selon lui « d'honneur », ni plus ni moins. Nous notons toutefois l'immense respect de monsieur Poury pour ce parangon de probité, de droiture morale et de pertinence politique qu’est l'hôte de l'Elysée, un respect surprenant et tellement peu néopoujadiste. Passons, là n’est pas la moindre des contradictions du conservatisme consanguin...

Nous avons également examiné le cas Raphaël Dordure, aussi loufoque qu’hilarant. Ce petit consanguin prometteur n'a de cesse d'invoquer ce que nous appellerons par commodité les « crédos endogamiques ». Il s’agit de fumeux poncifs tel le classique et très médiéval « réarmement moral du pays », l'ahurissant « ethnomasochisme » (si prisé par les meutes identitaires à poil ras et queue molle), l'incontournable et urgente « réforme intellectuelle et morale » de la nation. Dordure semble bien lui aussi, à la suite de nombreux « calebutes noirs », embastillé dans son cauchemar d'intifada-sur-marne - ce cauchemar qui n’est qu’une « préfiguration prolégoménique au maelström apocalyptique démoniaco-socialiste des phocomèles et autres pithécantropes platement logophobes dans ton cul salope salope je vous emmerde bande d’étrons urophiles grrargl » – comme le dit le « lettré » Desensio juste avant d’imploser.


Raphaël Dordure n'appelle pas d'autre commentaire que le diagnostic du psychiatre qui traitera ses visions délirantes, au final. Mais il est particulièrement scandaleux, aux yeux consanguins, que la parole de tels pistoleros du Verbe puisse parfois être roulée dans la fange. Il est particulièrement aberrant, à leurs yeux réactionnaires, que d'aucuns puissent se dire français, héritiers d'une tradition culturelle et politique, bénéficiaires d'un niveau de vie et d’une organisation institutionnelle et civile complexe, et railler pourtant à ce point ces nobles idéaux consanguins, ces « crédos endogamiques » repris par Dordure, « scribouillard infect » aux dires de ces horribles nihilistes techno-élitistes de gâuche qui cherchent à "mettre à bas la france". Moui oui...

Mais pour un lecteur consanguin, il est proprement enivrant de lire messieurs Poury ou Dordure arguer des considérables difficultés rencontrées par bien des populations sur le territoire national pour éjaculer leurs fantasmes de guerre civile, marotte constante de ceux qui s'affirment le plus volontiers « anar de droite ». Il est enivrant de lire ces infatigables plumes convoquer les plus diverses assertions d'ordre sociologique (généralement piochées dans "la sociologie pour les bourrins myopes", collection "Populisme Fat et Crachat Dans Ta Gueule"), voire philosophique, pour appuyer leurs thèses martiales. Il est réjouissant de les lire souligner l'incurie joviale des "bobolchéviques" et le marxisme "ayatollâtre" rampant qui maintient ces "nobles marcheurs" dans la médiocrité de l'anonymat et les affres de la frustration. Et la marmotte, le chocolat au lait, etc...

Relisons les terribles sentences de ces "belles et prophétiques plumes" : selon elles, ni crise économique et sociale, ni corruption politique, ni délitement médiatique n'ont à voir avec la délinquance collective ou la déliquescence sociale (comprendre : la vague de crimes qui submerge leur france tradi et catho, voire même plutôt blanche, en fait). Cette bande de buses détient l'explication : le Crime est atavique, comprenez-vous ? Ils ont ça dans le sang, comprenez-vous ? C'est de l'ordre du religieux, de l'ethnique, du civilisationnel, voyez-vous... Et puisque selon Poury c'est bien la notion de "sacrifice" qui a permis d'édifier la civilisation judéo-chrétienne : sacrifions donc les sauvageons, primo-déliquants ou récidivistes, les déviants, les exclus, les impies, et les petits malins qui n'épousent pas sa conception gélatineuse de la république. Poury a répondu à la quête existentielle de tous : c'est sa conception du Bien qui doit l'emporter, et toute mise en cause de sa réalité ontologique ne fait que traduire, en vérité il vous le dit, un « larxisme » libertaire criminel, ou encore un « relativisme islamophile » échevelé.

Poury base donc ses brillantes déjections sur la question monstrueusement imbécile et manichéenne de la culpabilité de l'Homme, ou de la Société. Il y répond d'ailleurs sans étonner personne : on naît salaud, ou on naît français-de-souche, sain et respectueux de l'ordre établi, des traditions et de la pentecôte. Question de dés. Question de bol. Après tout, à quoi bon utiliser des instruments de mesures scientifiques, des jauges et indices sociologiques ou économiques, précisément issus du rationalisme judéo-chrétien, pour expliquer les saturations morales, les surtensions collectives contemporaines et les inflammations sociales sporadiques, à quoi bon, quand on détient une Vérité Révélée, à connotations politiques, religieuses voire carrément ethniques, qui permet de classer les bons et les méchants… Simplisme tendancieux, binarité poisseuse, que cette "Vérité".


Une Vérité Révélée que notre petit annélide terricole pare d'un système de défense magistral, voyez plutôt. Lorsqu'un horrible marxiste-léniniste métisseur lui explique que la pauvreté constitue un vecteur privilégié de délinquance, le diariste répond avec un ton docte et légèrement excédé que « tous les pauvres ne sont pas des criminels, na », et que la misère n'a rien à voir avec la délinquance. Du sophisme en boîte de douze, qui renvoie évidemment tous les "nihilistes cosmopolites et moqueurs" dans leur coin, à n'en pas douter...

Raisonnements circulaires, interprétations vaseuses et excommunication de la contradiction au nom de la décence ou du respect des victimes, martyrologie, théorie du baillon... nos petits diaristes tentent donc grossièrement de construire leur discours branlant à partir de l'ensemble des stratégèmes rhétoriques les plus éculés de tout bon extrêmiste qui se respecte. Mais, tout de même, qu'il est amusant de voir ces prétendus "électrons libres enragés" se ranger si docilement derrière les discours délirants d'une partie de la majorité gouvernementale française ou les déplorables éructations de quelques écrivains ou intellectuels tellement pressés d'apparaître comme "libres penseurs" qu'ils en oublient surtout de penser... La consanguinité ne se conçoit-elle pas qu'en circuit fermé ? L'examen des petits diaristes cités ici démontre surtout la chose suivante : la médiocrité de leurs propos n'a d'égale que la stérilité de leurs prétentions.




(à suivre)

Consanguin wants you !

Consanguin wants you !
*** Enrôlez-vous dans le Choc des Civilisations ***

And remember...