Un métis au pays du White Power ? Pire que le krach boursier, pire que la crise économique, pire que la mondialisation, un nouvel et immense péril menace les consanguins, et pas seulement les funfafs hexagonaux, mais tous les consanguins du monde... et cette fois il ne vient pas des montagnes pachtounes ou de la bande de Gaza, ni même de Trappes ou Saint-Germain-des-Prés, mais de cette grande nation mystique que sont les Etats-Unis, "l'empire circumterrestre et orbital" qui nous dégoûte autant qu'il nous fascine.
Il s'agit ni plus ni moins que du candidat démocrate, que les franges les plus consanguines du Nouveau Monde accusent d'être l'Antéchrist. Carrément. Le MAL. Vous pensez ! Un métis ! Limite muslim ! Les sondages sont catastrophiques, et ne sont pas sans rappeler les frayeurs qui nous secouaient l'échine au printemps 2007, alors que la madone socialiste caracolait en tête des intentions de vote. En face, MacCain, le vétéran des guerres d'évangélisation yankees, peine à reprendre le grand oeuvre bushiste à son compte.
La Consanguine d'Alaska, qui réserve des surprises comme en témoigne cet interview, continue de professer la saine parole fondamentaliste amérikaine, tandis qu'une partie de la population panique à l'idée qu'un afro-socialiste arabe et démocrate remporte l'élection. Celui que nouzôtres consanguins avons déjà baptisé "Barack Osama" (qu'est-ce qu'on est drôles, et après on reproche à nos ennemis leur nihilisme), pourrait remporter le crutin automnal au pays du KKK, ce qui nous fout quand même bien les boules. Alors les X-trem rightists font des descentes d'organes et versent à nouveau dans le millénarisme. Pire que le Pape Noir, le black-president terrorise nos frères suprémacistes d'outre-atlantique. Les américains continueront-ils à envoyer leurs fières légions G.I. dévaster de lointaines régions sarrazines ? A professer un P.N.A.C. quasi-évangélique ? A envoyer leurs enfants dans les Camps de Jésus ? A brûler des croix de 8m de haut le samedi soir à la campagne ? 
Quiconque vomit ici, depuis le frankistan, sur les aspects les plus consanguins des USA doit aussitôt être accablé de notre coup-spécial Goldofaf : "c'est un anti-américain primaire, dont un anti-occidentaliste, donc un antisémite, donc un nazi". Ah ! La technique du sophisme stalinien, qu'il est si bon de reprendre à notre compte. D'ailleurs, l'étonnant chansonnier post-gauchiste néo-villiériste Philippe Vassal n'a de cesse d'employer cette combo, dans les colonnes de son hebdomadaire post-gauchiste néo-caricatural. Il est savoureux de lire cet éditorialiste de gôche rejoindre quasi-systématiquement notre aimé prédicateur Ivan Refoule, y compris et surtout lorsqu'il s'agit de complaire au pouvoir sarkozar et flatter l'imberbe menton du Petit Prince Blond de Neuilly. On constate en tous cas comment la saine propagande réactionnaire française aime adopter des enchaînements aussi audacieux que le délire fondamentaliste américain. Combien de consanguins mélangent-ils en effet, dans leur fiévreux bazar idéologique, les concepts d'islamisme, de nazisme et d'ésotérisme.
Consanguins de france, nous avons bien ce que vous haïssez en Amérique : son libéralisme, sa culture du melting spot, sa désinvolture, sa décadence, son cinéma, son idéalisme démocratique, ses contre-cultures. Mais si ce pays devait tomber aux mains de l'Antéchrist Socialiste plutôt qu'entre celles d'un conservateur passé des casernes aux lobbies industriels, notre symbolique néocroisée en prendrait un drôle de coup dans la gueule.
