13 avril 2007

Une époque formidable


Mes frères aujourd’hui, Consanguin vous propose une analyse de notre politologue Denis Grêlon, le gros sac identitaire, Grande Barrique à Vin devant l'Eternel, Sac-à-Merde islamophobe de référence. Sa brillante analyse est naturellement consacrée à la campagne présidentielle, abondamment couverte par ailleurs sur le net et à propos de laquelle, à l’instar des leaders politiques les plus proches de nos idéaux, nous préférons rester discrets, puisque force est de constater que de nombreuses voix à droite comme à gauche reprennent goulument nos antiennes.


"Jouissez consanguins ! La classe politique nous choie, les médias nous ravissent, sur nos têtes sont déversées des heures entières de polémiques stériles qui scandalisent les progressistes et les anarchistes : il est question cette année de définir l’identité nationale. Un sujet consanguin par excellence, tant il fut notre chasse gardée pendant des années. Il est donc question, grâce au plus excité des candidats de l’establishment UMPS, de décider qui sera dans l’axe, et qui déviera.

Car, et c’est bien là que nous nous réjouissons, la lutte contre la "déviance", la "tolérance zéro", est miraculeusement érigée en nouveau paradigme social, mais aussi politique. Afin de faire le plein des votes les plus consanguins de l’électorat français, le Sarkozar que nous considérons pourtant comme un socio-libéral démocrate et européiste, a l’immense mérite de poser des simulacres de questions qui nous font triquer comme des vilains.

Les principaux candidats, pas bégueules, viennent nous flatter la nuque et le bas des reins. Ils s’engueulent par petites phrases interposées sur des enjeux divinement rétrogrades, remarquablement creux et positivement dangereux : on se prend à rêver, frères consanguins, d'une France qui bascule dans un conservatisme de bon aloi, dans un protectionnisme volontaire, et dans un souverainisme bienfaisant comme un bain à bulles.

Alors certes, l’ignoble candidate ségoléniste lorgne grossièrement sur nous en nous exhortant à brandir des drapeaux tricolores à nos heures perdues, mais aucun consanguin ne serait dupe d’une telle fantaisie électorale. Depuis, on assiste à une surenchère pour savoir « qui est le plus français » des postulants, dans une atmosphère saturée de gaz carbonique, qui étouffe avec bonheur les progressistes comme les enjeux économiques ou géopolitiques de l’élection présidentielle. Au moins nos idées s’épanouiront-elles un peu plus grâce à ces débats identitaires : avec de pareilles casseroles, nous rentrons dans le lard des gauchistes bien-pensants et de leur passion ridicule pour la diversité, le progrès et l’intégration, nianiania. Si les urnes risquent probablement de nous renvoyer aux vingt mètres avec fracas, entretemps nous aurons pu étaler notre merde conceptuelle un peu partout.


Celui des candidats qui avait commencé à nous intéresser en 2005, grâce à ses fracassantes clowneries provoc devant les caméras (prôner un retour de la République en banlieue par le développement du jardinage urbain à haute pression, « aimer la France » ou faire ses bagages et dégager fissa, remplacer les « sauvageons » par les « racailles » histoire de stigmatiser toute une population avec des mots bien clairs pour le péquin consanguin qui cavale après son SMIC), le Sarkozar n’en finit plus de chasser sur nos terres - nos terres carolingiennes et millénaires, nos terres judéo-chrétiennes irriguées d’un sang impur, ‘savez.


Dernièrement, et après avoir un temps proposé des tests de dépistage de la délinquance en bas âge, il énonce avec conviction qu’on naît salaud ou sympa, suicidaire ou criminel… voire chef d’entreprise ou assisté social. Le déterminisme, ce socle de toute consanguinité ! Ainsi, les gènes portent en eux notre destinée. Que dire alors des "allogènes", qui portent en eux notre destruction ! Gageons que s'il est élu, ce visionnaire proposera également de soumettre nos enfants à quelque reconditionnement patriotique de choc, et pourquoi pas de segmenter un peu la population selon des méthodes déjà largement éprouvées au ministère de l'intérieur et qui ne feront que se perfectionner avec les technologies de traçage (biométrie policière, vidéosurveillance privatisée, profiling en série, communautarismes sectorisés, etc.).

Le Sarkozar est-il un essentialiste qui s’ignore ? Il ranime en effet le débat entre l’inné et l’acquis, vieille tarte-à-la-crème graveleuse que nous affectionnons tout particulièrement en Consanguinie. Le petit pote de Tom Cruise pose les jalons d’un Minority Report grandeur nature. Certes, notre habituel candidat protoconsanguin borgne et vieillissant souligne qu’il est, lui, le candidat du « terroir », avec l’imagerie qui va avec (accents régionaux, salon de l’agriculture, pedigree à médailles, odeur de fumier, paysans beurrés, kermesses dominicales et discrimination à l’embauche). Mais le Sarkozar nous séduit, parce qu’il contribue bien plus efficacement à la propagation d’une partie de notre corpus idéologique. Il faut dire que nos porte-paroles habituels ne disposent pas, establisment oblige, de ses réseaux médiatiques et de ses contacts institutionnels. Et d’une Condoleeza Rice perso qui pousserait même les plus consanguins des "percutants réacs" à se convertir à l’islam - sans se départir de leur racisme d'aryens crotteux, c'est dire l'exploit.

Voilà donc l’usurpateur de la place Beauvau qui claque des talonnettes, et propose un ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale. Une initiative admirable - même si nous autres consanguins nous méfions de la versatilité umpiste et des lendemains qui déchantent. Certains nihilistes y voient un « Minident », après le Miniver ou le Miniamour, certains parlent des institutions vichyssoises, voire font le rapprochement avec le "Ministère du Vice et de la Vertu" taliban ! Sapristi, que n’inventeraient pas les métisseurs mondialistes !

En tous cas, l’idée d'un portefeuille dédié à la définition de la Nation françaïseuh fait florès. Et malgré les attaques des bien-pensants, des constitutionnalistes et des anarcho-libertaires néo-bayrouistes canal historique, elle a été brillamment résumée et défendue par nos collègues site bravepatriote. Car comme ils le soulignent, et qu’on se le dise, « la droite veut bien nationaliser un truc pour la première fois depuis la fin des années 1940, la gauche accepte d’arborer le tricolore pour la première fois depuis la disparition virtuelle du Parti Communiste ». Quel succès !


Un Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale, voilà un superbe libellé qui oppose ses termes, ou à tout le moins conditionne l’un par l’autre. Cette initiative aurait le mérite de graver dans le marbre institutionnel une conception statique, figée, fermée, bornée, en un mot profondément réactionnaire, et donc délicieusement consanguine, d’un « être ensemble » qui n’est d’habitude ministérisé qu’en période dictatoriale. Il faut le reconnaître : on n’aurait pas osé. Mais rien de plus facile ensuite pour nous de distiller dans cette expression creuse « d’identité » une bouillonnante dose de nationalisme ou « d’ethnicité », afin de phagocyter le concept de « citoyenneté » auquel les tièdes et les modérés tentent piteusement de rattacher le cabinet ministériel en projet.


Alors, la Consanguinité est partagée. Certains d'entre nous, de tout temps fascinés par le populisme raciste, verront dans le Sarkozar un séïde du système et lui préfèrerons les bonnes vieilles recettes frontistes avec d’autant plus d’aise qu’elles s’agrémentent toujours, en période électorale, d’épices exotiques (un sociologue lobotomisé et un comique antisémite, par exemple). Ils ont voté Non à la constitution européenne, n’aiment pas trop les américains, et ne se sont jamais remis de ce que la gauche ait un jour donné naissance à SOS Racisme. Mais, pragmatiques, ils se rabattront sans trop de problème sur le candidat UMP si leur héraut cyclopéen se viande au premier tour. Et ce malgré les troublantes origines magyares et l’anglosaxonisme militant de l’énervé neuilléen.

Mais son inspiration néoconservatrice séduit aussi d’autre consanguins, moins génés par son libéralisme et plus tournés vers l’"affrontement civilisationnel" qu’on concocte entre Washington et Téhéran, et qui doit, selon cette fraction occidentaliste de notre fière nébuleuse de Fer fondu et de Sang coagulé, projeter des légions entières de croisés hight-tech contre un nouveau « bloc » djihadiste et tiers-mondiste cette fois. Voilà de quoi intéresser les géopoliticiens communautaires qui vont se pignoler aux projections de "300" et qui parlent volontiers d'intifada française dans les colonnes de leurs webzines ou les colloques d'Yggdrasil.

En résumé, les consanguins souverainistes et xénophobes se satisferont de ce que le Sarkozar pourrait faire à l’intérieur de l’hexagone, quand les consanguins occidentalistes et mystiques s’enthousiasmeront pour ce qu’il pourrait faire au-delà de ses frontières. Il est donc vertigineux de constater à quel point le discours sarkozar est taillé pour nous, consanguins pluriels et tous totalement flippés. Le Sarkozar dessine un profil composite qui voudrait nous fédérer: le néanderthalien survivaliste.


Ne nous trompons pas : il ne s’agit probablement que d’un mirage, que ce traitre libéral et immigrationniste agite devant nos cornes de vachettes basques. Et à l'heure de s'isoler, beaucoup d’entre nous se retrouveront d’abord sur les noms de l’énarque vicompte du Puy du Fou ou de notre cher et vieux kouign-amann monoculaire amateur de calembours négationnistes et de préférences nationales. Et après les éléctions, nous continuerons à dénoncer ces "tenants du système qui nous fourre la tête dans la boue depuis des décennies". Mais quelle joie devant la promotion décomplexée de nos préjugés favoris et l'étalage de notre rhétorique ségrégationniste, que permet le zèle électoraliste du Sarkozar !"


Denis Grêlon, ancien du FNJ Midi Pyrénées, fondateur de l'unique association islamophobe française "Oxydantalis", est vendeur stagiaire au rayon boucherie-charcuterie du Super U de Bayonne centre, et politologue consanguin spécialisé dans la géopolitique complexe des Frances Méridionales.

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