22 juillet 2006

La consanguinité a chopé le haut-débit

Style pompeux et idées sèches : nous sommes les Consanguins. Lamentables groupuscules improductifs, sinistres étudiants ou consommateurs aigris cachés derrière nos claviers, médiocrissimes excréments journalistiques (puisque nous n'avons et n'aurons jamais rien de littéraire), parfois regroupés sous des appellation incontrôlées qui fleurent bon le plan média foireux d'évadés de science-po ou la pose de l'artiste maudit adoptée par l'alcolo de province : nous sommes consanguins. Nous prétendons, sur nos sites, singer le "sulfureux", provoquer le gauchiste, choquer le bourgeois, croire à notre singularité, crier notre fierté identitaire.


Nous voulons nous conférer un semblant de consistance, de celle qui s'est toujours refusée à nos personnes. Nous gesticulons de façon grotesque, petits frustrés à préjugés qui coagulons et dégoulinons sur le web. Ce web où nous couinons haut et fort aujourd'hui, qui sa "critique littéraire" facho-narcissique, qui sa politologie visqueuse de déclinologue en panique.

Nous sommes des parasites, des morpions commentateurs qui nous blottissant dans les replis chauds et moites des quelques auteurs dont nous nous réclamons. Nous jouons les maudits, prenons des poses : nous voudrions tant être publiquement conspués, remarqués, juste entr'aperçus, par cet éditeur à l'embonpoint maladif, ce fade journaliste en quête de mélasse anecdotique, ou encore cette étudiante au regard chafouin, ne serait-ce que ça.

Les renégats grégaires

Nous nous rêvons en parias, en renégats littéraires, seulement voilà : nous ne sommes que de risibles nabots à postillons. Nous tonnons, mais avec de fluettes voix de faussets. Traumatisés par les images du JT ou le vol de nos portables, nous réagissons enfin sur nos blogs, nous relevons la tête. Sursinges et sous-brêles quasi-inexistantes, nous sommes donc devenus blogueurs, carnétistes, à nos heures perdues. Nous y couchons nos frustrations et nos vindictes mesquines maquillées en généreuses considérations sur l'amitié, l'honneur, la convivialité, le temps jadis ou le picon bière. Surtout, nous y dégueulons en longues rafales grumeuleuses toute la haine que nous vouons aux autres, aux étrangers, aux immigrés, aux gauchistes, aux pacifistes, aux progressistes, et à leur Bien-Pensance qui nous afflige et entrave nos rêves d'autarcie souverainiste et de croisades atlantistes.

Nous sommes des obscurs, parfois réveillés par quelque élection présidentielle grand-guignolesque, décomplexés par l'hystérie sécuritaire environnante ou la provocation glauque. Nous lisons parfois même quelques revues rouges-brunes ou misérablement bordéliques, dramatiquement nulles et troubles, animées par quelques cohortes d'abrutis d'opérette ou de petits réactionnaires en mousse.

Nous sommes "anar de droite", nous aimons ça. Mais que nous bénéficiions d'une couverture médiatique, quelle qu'elle soit, un passage chez Ardisson ou une photo en compagnie d'Astrid Veillon ou de Steevy, et voilà toutes nos poses de maudits qui s'envolent. La reconnaissance, voilà notre but de frustrés haineux, celle que nous cherchons et celle que nous maudissons en même temps parce qu'elle se refuse à nous malgré sa prostitution universelle. Laissez-nous nous coaliser, autour des cadavres de Bloy ou de Céline ou de leurs vulgarisateurs sous acide, laissez-nous aussi bavasser autour de références culturelles instrumentalisées, et notre absolue indigence stylistique et la puanteur des trois pauvres opinions qui s'agitent sous nos crânes n'en seront que plus perceptibles.

La "réacosphère", le webring des souchiens

Nous nous linkons entre nous, extrémistes plus ou moins mal assumés ou simples idiots en quête de frissons, parfois cachés derrière des éruditions stériles et d'horribles plumes malodorantes.

Nous sommes les Consanguins, l'informe sous-organisme malsain qui veut pousser sur le fumier de la Médiocrité Ambiante et à l'ombre de quelques écrivains un peu trop paumés pour songer à arroser leurs pompes de désherbant.

Nous sommes multiples : scribouilleurs réactionnaires sans talent ou dégobilleurs mondains, adolescentes étriquées ou écrivaillons de sous-bock, apprentis chroniqueurs hydrocéphales, macaques racistes plaintifs et croûtes comiques : nous sommes les Consanguins, parce que nous devons bien trouver une façon d'exister. Nos coulées de mots saumâtres, nos régurgitations d'attardés barboteurs et colériques, nos caprices verbeux, nos cacophonies ampoulées et nos autocongratulations poisseuses nous rassurent : nous sommes la Communauté qui flippe.

Nous sommes la métastase du rhume des foins, l'occlusion intestinale littéraire, la Convivialité des constipés, la mononucléose du vieux garçon : nous sommes l'inutile et l'indigent, la réaction et l'autoréférence : nous sommes les fun-fascistes, nous sommes les nanars de droite, nous sommes les Consanguins.


Consanguin wants you !

Consanguin wants you !
*** Enrôlez-vous dans le Choc des Civilisations ***

And remember...